25/10/2008

Débat "Crise financière, qui va payer?"

organisée par le comité NPA Villejuif


lundi 27 octobre 2008 à 19h30

lieu :
Maison des Associations
(entrée par l'arrière)
54 rue Jean Jaurès
Villejuif (94)
Métro Paul-Vaillant-Couturier



Il y a plus d’un an maintenant que la crise a éclaté, et elle se diffuse depuis comme une traînée de poudre, sans que l’on sache où elle va s’arrêter. Reste à savoir qui va payer la facture ?

Cette crise structurelle du système remet en cause les fondements du capitalisme néo-libéral. L'accumulation sans fin de capitaux qui menace la société aujourd'hui n’est pas une dérive du capitalisme "déréglementé" mais le cœur même de son fonctionnement.

Face à la crise, la politique antisociale de nos gouvernants s'accélère :

- recul du pouvoir d’achat et explosion des licenciements ;

- maintien du plan de saccage de l’hôpital public ;

- accélération de la contreréforme de l’État avec 30 600 postes de fonctionnaires supprimés ;

- démantèlement de la fonction publique ; mais pourtant de nouvelles aides, exonérations de charges et d’impôts pour les patrons.

Inacceptable !
Mais cela peut changer... Venez discuter des résistances que nous pouvons organiser :

° Il faut interdire tous les licenciements en prenant sur les profits accumulés pendant des années.

° Une hausse immédiate des salaires, des pensions et des minimas sociaux de 300 euros nets ! aucun revenu en dessous de 1500 euros. Face à l'inflation menaçante, il faut aussi l'indexation automatique des salaires sur les prix et le contrôle populaire sur les grands groupes de la distribution !

° Nous devons exiger la levée du secret bancaire pour faire toute la lumière sur les circuits spéculatifs, savoir qui s'enrichit et qui profite. Nous devons empêcher une poignée d'hommes de décider du sort de millions d'autres.

° Il faut mettre en place un service public bancaire non pas en nationalisant les pertes mais en expropriant les banques sans indemnités ni rachat, pour les faire fonctionner sous le contrôle des salariés et de la population.

Alors, ensemble, débattons, rencontrons-nous, organisons-nous et inventons nos propres moyens d’actions pour combattre cette société inégalitaire et liberticide, pour changer notre quotidien, pour construire notre avenir !

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"Prendre en tenailles les revenus financiers" de Husson

Une interview de Michel Husson, membre du conseil scientifique d’Attac (Rouge n°2270).

● Comment sortir du dilemme entre laisser plonger les banques, au risque d’aggraver la crise au détriment des salariés, et les sauver, en faisant payer le coût de ce sauvetage par ces mêmes salariés ?

Michel Husson – Le seul moyen d’éviter ce dilemme serait une nationalisation intégrale des banques et des assurances. Il ne s’agit pas de surenchère, mais d’une réponse cohérente. Des « nationalisations », ils en font, mais elles se limitent à des prises de participation partielles et elles sont conçues comme provisoires. Ces injections d’argent public ne serviront qu’à accélérer les restructurations et, en fin de compte, à rétablir le profit des banques sur le dos des contribuables. Pour vraiment « ouvrir les livres de comptes », consolider les créances croisées, faire le tri, ne pas se faire refourguer des titres pourris, empêcher les fuites, il faut placer l’ensemble des banques sous contrôle public. Les repentis de la libéralisation n’ont plus que le mot « régulation » à la bouche. Mais les règles seront contournées, comme elles l’ont toujours été, si elles ne sont pas imposées directement. Il faut évidemment soutenir des mesures comme l’interdiction des paradis fiscaux, mais on ne peut pas faire confiance aux autorités monétaires internationales pour réguler durablement la finance. Cette nationalisation devrait déboucher sur la création d’un pôle financier public, parce que le crédit et l’assurance relèvent du service public. La crise a démontré que la finance privée conduit à la catastrophe sociale. Reste à réhabiliter l’idée d’un crédit public, ce qui suppose d’instaurer une gestion démocratique mettant le crédit au service des priorités sociales.

● Peux-tu détailler ta proposition de « bouclier social » ?

M. Husson – Les travailleurs ne sont pas responsables de cette crise, qui a été au contraire rendue possible par le détournement de richesse au bénéfice des rentiers. Il serait intolérable qu’ils paient les pots cassés, uniquement pour que les entreprises puissent continuer à verser des dividendes. L’idée de « bouclier social » est un moyen d’affirmer cette exigence. Elle consiste à geler les dividendes à leur niveau actuel et à les transférer à un fonds de mutualisation. Ces sommes pourraient être utilisées, dans des proportions à discuter démocratiquement, au maintien du revenu des chômeurs et au financement de la Sécurité sociale, des budgets sociaux et des services publics : l’interdiction des dividendes financerait ainsi l’interdiction des licenciements, comme cela avait été proposé dans le livre Supprimer les licenciements. Les sommes potentiellement concernées sont de 90 milliards d’euros : c’est 5 % du PIB, exactement la même proportion que les 700 milliards de dollars prévus par le plan Paulson aux États-Unis.

● Comment articuler ces propositions avec une bataille à plus long terme sur les salaires ?

M. Husson – Il faut prendre en tenailles les revenus financiers en les ponctionnant directement d’un côté, et en augmentant les salaires de l’autre. Dans l’immédiat, il faut mettre en avant l’idée de l’échelle mobile des salaires, autrement dit, leur indexation sur les prix, de manière à défendre le pouvoir d’achat. C’est une mesure d’urgence minimale. On pourrait la préciser en proposant que l’on retire les aides publiques aux entreprises qui ne s’y conformeraient pas. Certes, ces aides publiques devraient être supprimées à terme, mais ce dispositif aurait l’avantage de permettre un contrôle des salariés, auxquels reviendrait la fonction d’évaluer la progression du pouvoir d’achat. La période qui s’ouvre avec la crise doit conduire à radicaliser les alternatives autour de la notion de contrôle sur la manière dont on éponge les effets de la crise. Il faut s’appuyer sur le sentiment d’injustice par rapport à des mesures qui n’ont d’autre but que de sauver la mise des responsables du désastre. Nationalisation et contrôle répondent à cette inquiétude et représentent, en même temps, des incursions dans la propriété privée qui peuvent donner un contenu anticapitaliste à la défense immédiate contre les effets de la crise.

21/10/2008

Revue Contretemps en ligne

La revue Contretemps ouvre son nouveau site internet : www.contretemps.eu.

Pour son ouverture, le site propose en exclusivité un entretien filmé entre le sociologue Luc Boltanski et le porte parole de la LCR, Olivier Besancenot. A partir d’une discussion sur le projet de Nouveau Parti Anticapitaliste, ils y abordent la question du rôle de l’Etat dans le capitalisme contemporain, s’interrogent sur le type d’organisation politique à construire et sur la place des "intellectuels" dans ce processus.

La revue Contretemps, fondée par le philosophe Daniel Bensaïd en 2001, est une publication indépendante, clairement engagée dans la mouvance anticapitaliste, qui fait le pari de la combinaison de la réflexion et de l’action, de la recherche et de l’engagement. Dans le cadre d’une nouvelle formule, la revue papier sera dorénavant éditée chez l’alter-éditeur Syllepse, à partir de janvier 2009.

Le lancement du site Internet de la revue Contretemps est plus qu’une simple extension de la revue papier. Ce site a pour ambition de devenir un équivalent radical, dans la mouvance anticapitaliste, des sites de réflexion et d’analyse récemment apparus dans le sillage des think-tanks de la droite libérale ou de la social-démocratie, pour leur disputer le terrain des idées.

La crise, le NPA, l’écosocialisme... par Jennar


C’est la crise ! Mais, si on y réfléchit un instant, c’est tout le temps la crise ! Avons-nous connu depuis 30 ans des périodes où ce n’était pas la crise ?

Et même avant. Je suis né au début de ce qu’on a appelé « les Trente glorieuses ». Mais elles étaient glorieuses pour qui ? Pour les mineurs dont on fermait les charbonnages ? Pour les ouvriers de la sidérurgie dont on fermait les usines ? Pour tous les autres qui ont du attendre le plus grand mouvement social de l’après guerre, Mai 68, pour recevoir enfin quelques miettes des profits engrangés par le patronat ?

Et même quand, soi-disant, ce n’est pas la crise. Quand les taux de croissance montent. Quand les entreprises font des profits. C’est quand même la crise pour celles et ceux qui subissent les fusions-acquisitions, les restructurations, les délocalisations, les dérégulations, les suppressions d’emplois dans des boites qui font pourtant des bénéfices.

Et enfin, pour des millions de gens qui, quand ils ont payé leurs charges, n’ont que 50 euros par mois pour se nourrir, n’est-ce pas, et depuis longtemps, la crise tous les jours ?

La vérité, c’est que le capitalisme, c’est la crise. C’est un système qui génère les crises. Il y a des crises financières, des crises économiques, des crises sociales, des crises alimentaires, des crises sanitaires, des crises écologiques. Et chaque fois, au nom de ces crises, le capitalisme impose ses solutions, des solutions qui maintiennent les inégalités, des solutions qui entretiennent l’exploitation, des solutions qui protègent l’accumulation des profits par un petit nombre. Et quand la crise ne suffit pas, il fait la guerre. Rappelez-vous ce que disait Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Là où le capitalisme ne peut exploiter en toute liberté, il provoque la guerre. Bien des guerres en Afrique qu’on nous présente comme des guerres civiles ou tribales sont en fait des guerres provoquées par le capitalisme. La guerre en Irak est une guerre du capitalisme.

En 1991, lors de l’effondrement de l’empire soviétique, le discours dominant a consacré l’échec du communisme. Nul ne peut nier que le capitalisme d’Etat, bureaucratique et policier, a échoué à réaliser l’idéal communiste. Mais cet échec nous condamne-t-il à nous résigner au capitalisme ?

N’est-ce pas le moment de dire haut et fort aux capitalistes : quel est votre bilan ? Quels sont, pour le plus grand nombre, les résultats du capitalisme ?

Quand près de trois milliards d’humains n’ont pas accès au savoir, aux nouvelles technologies et aux nouveaux savoir-faire qui pourraient améliorer leur niveau de vie, quand deux milliards de personnes n’ont pas accès aux médicaments essentiels, quand un milliard et demi de gens vivent avec quatre-vingt dix centimes d’euro par jour, quand un milliard de personnes souffrent de la famine, quand un milliard d’adultes dont deux tiers sont des femmes sont analphabètes, quand plus de 150 millions d’enfants n’ont pas accès à l’école primaire, dont la moitié sont des filles, quand 44% de la jeunesse du monde en âge de travailler sont au chômage, quand, dans une Europe si riche, il y a 50 millions de pauvres et 18 millions de chômeurs, n’est-on pas en droit de demander : capitalistes où est votre succès ?

Le capitalisme a bénéficié, avec les dérégulations massives décidées au niveau mondial comme au niveau européen, d’une liberté comme jamais il n’en avait connu depuis le 19e siècle. Et voilà son bilan. Certains vous diront. : « Vous vous trompez. Regardez en Chine, depuis qu’ils sont passés à l’économie de marché, 400 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté ». Ils oublient de dire qu’un milliard de Chinois sont restés dans la pauvreté. Parce que, fondamentalement, c’est cela le capitalisme : c’est l’organisation de l’inégalité ; c’est l’exploitation de la majorité par un petit nombre.

Face à cette réalité, on observe deux comportements. Il y a ceux qui considèrent que le capitalisme fait partie de l’ordre naturel des choses et que la crise d’aujourd’hui n’est qu’un dérapage de mauvais capitalistes qu’il faut punir pour revenir au bon capitalisme, que la démocratie libérale et l’économie de marché, sont le moins mauvais de tous les systèmes, comme le disait avant hier soir sur France 2 le ministre des finances de Belgique.

Ceux-là, on les trouve à droite, bien entendu, au centre évidemment, mais également, à gauche. Ce sont en effet des sociaux-démocrates qui, à partir des années 80, en France comme dans le reste de l’Europe, ont accompagné et très souvent initié ce qu’on appelle la mondialisation, cette transformation du monde en un marché global où la puissance publique s’efface devant les acteurs économiques et financiers, où les humains sont traités comme des marchandises soumis aux lois d’une concurrence qui doit être libre et non faussée. La loi de déréglementation financière est une loi du PS. L’Acte unique européen et le traité de Maastricht, proposés par Jacques Delors, sont l’œuvre des sociaux-démocrates. La gauche plurielle partage avec onze autres gouvernements sociaux-démocrates la responsabilité de la stratégie de Lisbonne et des décisions de Barcelone sans lesquelles le démantèlement des services publics et du droit du travail n’aurait pas été possible. Et on a trouvé à la direction du PS les plus ardents défenseurs du traité constitutionnel européen préparé sous la direction de Giscard d’Estaing. Les mêmes souhaitent aujourd’hui ardemment qu’entre en vigueur ce copié collé du TCE qu’est le traité de Lisbonne pourtant rejeté par le seul peuple qui ait pu s’exprimer, les Irlandais.

Face à ces libéraux de droite et de gauche auxquels s’ajoutent ceux qui les suivent pour ne pas perdre les mandats que leur accorde l’alliance avec le PS, il y a ceux qui sont convaincus que le capitalisme n’est pas l’horizon indépassable de l’humanité. Ceux qui ne se résignent pas à voir le drapeau de la révolte tomber des mains de Rosa Luxemburg dans celles de Ségolène Royal.

On les trouve parmi celles et ceux qui ont fait campagne et ont soutenu le non de gauche au TCE. On en trouve parmi celles et ceux qui ont soutenu l’un ou l’autre des cinq candidats à la gauche du PS lors des présidentielles de l’an passé. Et on en trouve même, je tiens à le dire tout de suite, parmi les femmes et les hommes qui ont apporté leur voix au PS ou aux Verts. Faute de mieux à leurs yeux. Et au-delà de celles et ceux qui accompagnent ou soutiennent un parti politique, on en trouve parmi ces dizaines de milliers de gens qu’on appelle parfois des non encartés, altermondialistes, anti-nucléaires, écologistes, décroissants, faucheurs volontaires, militants des droits humains dont le grand rassemblement du Larzac, en août 2003, fut pour beaucoup, un moment fondateur.

C’est à ces femmes et ces hommes qui ne se résignent pas au capitalisme que la LCR offre une perspective. Moi qui ne suis pas membre de la LCR, qui n’appartient pas à la culture politique née de 1917, - ma culture politique, elle puise dans 1793 et 1871 et chez l’homme massacré en août 1914, au Café du Croissant à Paris - qui suis un de ces non encartés, je tiens à le souligner ici avec force : la décision de la LCR de se dissoudre pour se fondre dans un mouvement politique qui la dépasse, qui embrasse à la fois la question sociale et la question écologique et qui s’ouvre à toutes celles et ceux qui partagent ce projet écosocialiste, c’est une décision sans précédent dans l’histoire du mouvement ouvrier français.

Nous sommes, j’en suis convaincu, des millions à rêver d’une gauche qui ne se renierait pas chaque fois qu’elle arrive au pouvoir, d’une gauche qui affirmerait sans complexe : « oui, il y a eu et il y a encore des exploiteurs et des exploités », d’une gauche qui reconnaît la réalité de la lutte des classes même si la composition des classes et les formes de la lutte ont changé. Nous sommes des millions qui n’acceptons pas le capitalisme comme une fatalité. Nous sommes des millions à vouloir une alternative. Cette alternative, si nous le voulons tous ensemble, avec le NPA, elle est maintenant possible.

Nous sommes à la tâche. Et nous sommes nombreux. Nous sommes riches de nos diversités, de nos cultures politiques respectives, de nos expériences et aussi de la fraîcheur et de la créativité de celles et de ceux qui n’ont pas d’expérience, si ce n’est celle de leurs premiers pas dans la vie et de leurs premières confrontations avec le capitalisme.

J’ai qualifié le projet que nous portons d’une expression nouvelle dans le vocabulaire politique : écosocialisme. Qu’entendons-nous par là ?

On part d’un constat : le capitalisme exploite les humains et la terre. Il est à l’origine de la question sociale et de la question écologique. Comme l’a si bien observé François Chesnais, Marx déjà constatait que « la production capitaliste ne se développe qu’en épuisant les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur » (Le Capital, p.182). Et Chesnais a très justement déploré que « la pensée critique se réclamant du marxisme a été terriblement déficiente sur le plan des rapports à la nature ».

Une approche écosocialiste, cela signifie satisfaire les besoins sociaux de manière écologique. Et la satisfaction écologique des besoins sociaux ne peut se réaliser ni par des voies autoritaires, ni par des voies fiscales.

Seule la délibération démocratique peut présider à la définition des choix. Ce qui implique de revisiter la démocratie pour en faire ce que, déjà, Jaurès appelait de ses vœux : un outil révolutionnaire.

Mais le danger immédiat qui nous guette, c’est le traitement capitaliste des problèmes écologiques. Un capitalisme vert est en cours d’élaboration. On en a vu des prémisses avec le Grenelle de l’Environnement et les multiples taxes envisagées par le gouvernement. C’est faire payer par le plus grand nombre le coût des dégâts écologiques provoqués par les profits de quelques-uns. Ce sont les solutions avancées par la droite, mais aussi par les sociaux-libéraux, par les Verts et par tous ceux qui refusent d’accepter que la course au profit est à l’origine de la destruction de l’environnement avec ses conséquences pour la santé, pour la préservation de la biodiversité, pour le maintien des grands équilibres et pour la survie même de la planète dans l’état où les générations précédentes nous l’ont léguée.

C’est un immense chantier qui s’ouvre devant nous. C’est notre volonté de saisir à bras le corps le double impact social et écologique du capitalisme. Aucune solution n’est durable si elle se contente d’aménager le système. C’est bien là que se trouve la justification de notre démarche anticapitaliste. Au regard de ce que nous voulons entreprendre, nous pouvons faire beaucoup plus que de la politique. Nous pouvons écrire une page d’histoire.

Raoul Marc Jennar est membre d’un comité des Pyrénées orientales et animateur du mouvement altermondialiste. (Intervention faite au meeting NPA 66, à Perpignan, le 18 octobre 2008

Qui va payer la crise ? de J-M Harribey


Comment analyser la gravité de la crise actuelle ?

Jean-Marie Harribey – La crise qui se déroule sous nos yeux plonge ses racines dans la structure même du capitalisme néolibéral qui s’est imposé depuis 30 ans. Le maître mot fut la restauration des profits, aux dépens des salaires, qui ont nourri une consommation extravagante des classes bourgeoises et des placements grâce à des produits financiers de plus en plus nombreux et sophistiqués, dont l’utilisation était d’autant plus aisée que le crédit était abondant. Mais les plus-values boursières ne peuvent durablement se développer que sur fond de plus-value croissante extorquée aux travailleurs.
Comment interpréter les réponses à la crise des différents gouvernements des grandes puissances capitalistes ?

J.-M. Harribey – Aujourd’hui, les États-Unis et l’Europe sont largement dans une impasse. Les États-Unis, cœur du capitalisme globalisé, voient l’insoutenabilité du mode d’accumulation éclater. Une dépense intérieure structurellement supérieure aux ressources produites en interne a conduit à un endettement colossal. Et le bouclage macroéconomique, assuré par l’injonction « Un job ne vous suffit pas, prenez en deux ! Deux ne vous suffisent pas, endettez-vous ! », était durablement intenable. Ce modèle n’est pas remis en cause le plan Paulson, qui se borne à renflouer les banques sans contrepartie, et qui sera financé par emprunt sur… les marchés que l’on dit défaillants. Sans doute, des fonds souverains seront preneurs des bons d’État, sous peine de voir leurs propres avoirs en dollars dévalorisés. Mais la spirale de l’endettement se poursuivra. Quant à l’Europe, elle se révèle incapable de coordonner une action, sauf pour appeler à « poursuivre énergiquement les réformes structurelles » (Ecofin, 7 octobre). Rien de plus logique de la part d’une Union européenne antidémocratique, qui veut « améliorer la flexibilité du travail et la mobilité », en oubliant les belles promesses sur la sécurité.
Y a-t-il de grandes différences entre les États-Unis et l’Union européenne ? Jusqu’où peuvent-ils aller dans la régulation des marchés financiers ?

J.-M. Harribey – Les gouvernements, tant aux États-Unis qu’en Europe, ont annoncé la couleur. Les nationalisations des banques, auxquelles ils ont dû se résoudre, ne seront que temporaires. Sans pression populaire forte, aucun rouage essentiel du capitalisme financier ne sera remis en cause, notamment la libre circulation des capitaux. L’enjeu est de savoir qui va payer la crise. En partie, les riches, si la pression sociale monte. Sinon, les couches pauvres et moyennes. Dans tous les cas, un gros risque pour le Sud, à cause de la hausse des prix des matières premières et de l’alimentation, et du fait du renvoi aux calendes des mesures écologiques efficaces.
Quelles pistes alternatives ?

J.-M. Harribey – Au niveau de la finance : rétablir des contrôles stricts sur les mouvements de capitaux, notamment par des taxes ; interdire la titrisation et les marchés de produits dérivés ; supprimer les paradis fiscaux et placer tout le secteur bancaire sous contrôle public. Au niveau social : inscrire dans les Constitutions que le supplément de richesse qui va aux travailleurs (salaires, temps de travail, protection sociale, besoins sociaux, etc.) ne soit jamais inférieur aux gains de productivité ; instaurer un revenu maximum, au-delà duquel une fiscalité progressive drastique soit appliquée ; et faire de la souveraineté alimentaire pour tous les peuples un droit fondamental. Au niveau de l’écologie : instaurer un débat démocratique pour que tous les éléments essentiels à la vie (air, eau, ressources non renouvelables, climat, connaissances, etc.) soient considérés comme des biens publics inaliénables, dont toute dégradation devra être prévenue ou réparée par des taxes spécifiques ; et mettre en chantier un programme d’énergies renouvelables en Europe. À ces conditions, qui ouvrent la voie à un dépassement du capitalisme, la lutte pour l’émancipation humaine pourra se poursuivre. Marx, on le sait, est enterré à Londres. Gageons que les gourous de la City et de Wall Street doivent cauchemarder ou bien le lire en cachette.




Vie [dans les] quartiers

Travail de la commission Quartier du NPA

plus d'info ici

Grand débat public sur l'eau en Ile de France à Ivry

Grand débat public
Jeudi 23 octobre à 20h
à l’Espace Robespierre, 2 rue Robespierre à Ivry
(métro mairie d’Ivry)

Organisé par la Coordination des élus, associations et usagers pour une gestion publique de l’eau

Facture d’eau : 50 € de moins par an pour 4 millions de Franciliens ?
C’est possible !
L’eau n’est pas une marchandise. Pour un retour en régie publique de l’eau. Comme à Grenoble, Cherbourg, Tremblay-en-France et bientôt Paris.

Voir le tract ici

14/10/2008

Municipalisation de l'eau en Ile-de-France

Une campagne pour une gestion publique de l'eau a été engagée en Ile-de-France. En effet, les contrats doivent être renouvelés fin 2010. La question de la gestion publique de l'eau soulève un certains nombre de questions qui s'expriment par des préoccupations environnementales, celles sur la santé, les services publiques, la répartition des richesses et biens, la démocratie...
Voir le tract suivant


L'eau est indispensable à la vie et devrait être un bien commun de l'humanité !
Et pourtant...
Pour en savoir plus



Vous voulez agir?
Vous pouvez signer la pétition

Venez en discuter ce samedi 18 octobre 2008 sur le marché Varlin
Rejoignez-nous pour interpeller nos élus !


Des salaires bloqués, des caddies qui flambent... de quoi voir rouge !

En trois ans, la hausse moyenne d'un panier s'établit à 11,5%. Depuis le passage à l'euro, ce panier moyen a augmenté de de 29%. Et cela ne devrait pas s'arranger !

Alors pour pouvoir (sur)vivre une seule solution : AUGMENTER LES SALAIRES !

Pour la première fois, le taux du salaire horaire évolue moins vite que les prix. C'est une des conséquences des mesures du gouvernement. Les réformes du marché du travail, du temps de travail, de la fiscalité baissent le "coût du travail" (salaires + cotisations) et donc l'activité économique. Mais ce qui pèse surtout sur les coûts, ce sont les dividendes versés aux actionnaires. Pour rappel 100 milliards de bénéfices pour les entreprises du CAC40 en 2007 !
Et nous dans tout cela ?
Ce qu'il nous faut, c'est un vrai partage des richesses !
  • la hausse des salaires : 300 euros net d'augmentation pour tous, pas de salaires inférieurs à 1500 euros net.
  • le gel des prix et la taxation des profits dans la grande distribution
  • la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
  • une consommation intelligente et écologique (structure équitables, achat direct aux producteurs...)
De Tracts


Lancement réussi du NPA dans le Val-de-Marne

article paru dans Rouge n°2261 du 17/07/2008

Dans notre département, le processus de constitution du nouveau parti anticapitaliste (NPA) a vraiment débuté après les élections municipales. Il est maintenant bien lancé.

Des comités pour le nouveau parti anticapitalistes (NPA) fonctionnent aujourd’hui dans une douzaine de villes du Val-de-Marne : Alfortville, Arcueil, Champigny-sur-Marne, Choisy-le-Roi et Thiais, Fontenay-sous-Bois, Ivry-sur-Seine, Kremlin-Bicêtre, Maisons-Alfort, Villejuif, Villeneuve-Saint-Georges, Vitry-sur-Seine, Arcueil. D’autres vont bientôt se créer à Créteil et à Gentilly. Il existe aussi des comités pour le NPA en cours de constitution dans des entreprises, comme Air France (Orly).

La plupart de ces comités se sont déjà réunis plusieurs fois. Ils ont entamé le débat sur le fonctionnement et la plateforme politique du futur NPA. Ils ont aussi commencé à agir politiquement, à diffuser des tracts, à intervenir dans les luttes en cours, à s’occuper, en lien avec les mobilisations, de politique municipale dans la foulée de la campagne électorale, etc. Au Kremlin-Bicêtre par exemple, il y a eu une forte implication dans la lutte des travailleurs sans papiers. Cette lutte a d’ailleurs permis la régularisation de 83 sans-papiers de Seni. À Vitry, la mobilisation pour la remunicipalisation de l’eau est relayée, au conseil municipal, par les élus anticapitalistes.

Les parcours sont variés : en dehors des membres de la LCR et de ses sympathisants, certains ont soutenu les dix listes municipales, présentées ou soutenues par la LCR dans le Val-de-Marne et, après les élections, ils ont décidé de prolonger leur engagement politique dans le NPA ; d’autres, intéressés par le projet de NPA, ont pris contact par la suite. Parmi les personnes engagées dans le processus, on retrouve des camarades de la Fraction de Lutte ouvrière (LO), des membres ou ex-membres du Parti communiste français (PCF), des réfugiés politiques latino-américains, des camarades ayant fait la campagne présidentielle de José Bové et, surtout, beaucoup de gens pour qui c’est souvent la première expérience de militantisme politique.

Les comités pour le NPA du Val-de-Marne se sont réunis le 7 juin, pour une première rencontre départementale, à Ivry-sur-Seine, afin de préparer la rencontre nationale des 28 et 29 juin. Plus de 80 personnes sont venues, ce qui est appréciable, même si les participants ont regretté qu’il n’y ait pas plus, parmi les présents, de membres du NPA non membres de la LCR. La discussion, intéressante, s’est appuyée sur une réelle demande de mutualisation des expériences. Elle a longuement abordé, en bout de course, la question de la structuration départementale des comités. À cette étape, transitoirement, les réunions de direction fédérale de la LCR du Val-de-Marne sont ouvertes à des représentants des comités. En effet, tous les comités n’ont pas encore abordé la question. Cependant, cette solution est insatisfaisante : l’idée est d’aller à la rentrée vers une véritable coordination départementale des comités pour le NPA, qui puisse prendre le relais de la direction fédérale de la LCR.

Une trentaine de délégués du Val-de-Marne (à parité LCR/non-LCR) a participé à la rencontre nationale des comités pour le NPA, les 28 et 29 juin. Ils en ont ensuite fait un compte-rendu très positif, insistant sur la qualité des débats et du travail en commissions. Le succès de cette initiative est apparu indéniable, numériquement et politiquement, même si, évidemment, il ne s’agit que d’une étape et qu’il y a encore du pain sur la planche, pour faire agir et débattre ensemble, au-delà de leurs différences et de leurs divergences, dans le cadre d’un même parti politique, les camarades déjà investis dans le NPA, qui proviennent de traditions politiques diverses ou dont c’est la première expérience politique. Et pour intégrer au processus NPA des milliers de nouveaux camarades.

Article paru dans Rouge n° 2261, 17/07/2008